LES TRADITIONS GRECQUES
Balkanique, orientale et peut être, surtout méditerranéenne, la culture grecques contemporaine offre l'image d'une subtile combinaison de sources multiples. Selon certains historiens, cette faculté d'aggréger toutes ces traditions autour d'un cnetre qui resterait grec, et dont le pivot serait la langue grecque, qui a constitué d'ailleurs le trait majeur constant de l'hellénisme au cours des siècles. Au voyageur qui découvre la Grèce pour la première fois, cette diversité apparaîtra à la fois passionnante et un peu déconcertante, d'autant qu'elle s'exprime dans un langue qui, bien qu'elle nous ait donné nos principaux concepts, est illisible à qui ne la pratique pas. En effet, les rébétika ne sont pas des chansons folkloriques, les kafeneion ne ressemblent pas tout à fait à nos cafés et le mot to mati (l'oeil) ne désigne pas simplement l'organe de la vue. On va donc comprendre pourquoi les Grecs célèbrent moins les anniversaires que les fêtes des saints patrons, pourquoi il y a des kiosques à chaque coin de rue, pourquoi les vieilles femmes s'habillent en noir .
LES CAFES
L'invitation à boire un café est une invitation classique, c'est un geste d'hospitalité et un prétexte à conversation. Dans la vie sociale, en général, le café a un rôle tout aussi important. Les hommes le boivent dans les kafeneion, qui existent partout, les femmes dans leurs maisons, avec leur voisine. Il n'existe pas de distributeur automatique dans les bureaux, car les employés le commande à la kafeneion du quartier, et, dans le centre-ville, on croise souvent des hommes en tablier-blanc, portant un plateau d'une profondeur ingénieuse, encombré de tasses de café.
Par le nom, comme par le goût, le kafe est très proche du café turc (kahwah). Moulu en poucre fine et bouilli avec plus ou moins de sucre, il est servi dans des tasses minuscules. Vous avez le choix entre le gliko (sucré), le vari gliko (très sucré), le metrio (moyennement sucré) et le skéto (sans sucre). Et si cette dose de caféine ne vous suffit pas, vous pouvez demander un dhiplo (un double). Les connaisseurs savent reconnaître un bon café à l'écume épaisse (kaïmaki) qui flotte en surface de la tasse. Jusqu'en 1974, les Grecs appelaient turkito kafé (café turc). Mais après la guerre de Chypre, le mot fut rageusement rayé de toutes les cartes, et mieux vaut ne pas indisposer votre serveur et demander un elleniko kafé (café grec).
Même le marc de café a sa fonction. Laissez une goutte de liquide au fond de votre tasse et retournez-la au-dessus de la soucoupe pour faire glisser le résidu humide le long des parois. Presque toutes les femmes grecques savent prédirent l'avenir dans les formes cabalistiques ainsi créées. Mais comme l'Eglise fronce le sourcil sur cette pratique, elles hésitent à l'avouer et les hommes se défendent d'y croire.Dans l'intimité des maisons, les interprétations vont bon train, et l'on échange des tasses "pour rire". Il semble que le marc de café soit prolixe en promesses de mariage et de beaux hommes ténébreux, mais qu'adviendra-t-il des rêves et des espoirs de la prochaine génération, maintenant que le Nescafé est devenu à la mode ?
PATISSERIES ET SUCRERIES
Les réalités de la Grèce d'aujourd'hui répondent à un important besoin national de sucreries. Les zacharoplastio (pâtisseries) avec leurs montagnes de gâteaux en forme de croissant ou de cône, décorés de chocolat, d'amandes, de graines de sésame, d'abricot ou de noix de coco râpée; avec leurs moules métalliques gigantesques, tapsi, débordant de baklava sirupeux et gorgés de noix hachées, découpés en forme de diamants; avec aussi leurs extravagant pasta, d'inspiration europpéenne, vous mettent littéralement l'eau à la bouche. Les odeurs d'eau de rose ou de fleur d'oranger, d'amandes grillées et de cannelle, qui émanent des cuisines souvent ouvertes sur la rue et où les chefs exercent leur art sous le regard des curieux, sont aussi irrésistibles.
Les zacharoplastio ne sont pas seulement des boutiques. On peut souvent s'y asseoir un moment, comme dans les cafés, pour déguster un kadaïfi (pâte feuilletée très fine, fourrée d'amandes et arrosée de miel) ou un profiterol (rien à voir avec les nôtres : ici, c'est une sorte de génoise imbibée de sirop et d'alcool et nappée de chocolat et de crème). Tous les gâteaux sont servis avec un verre d'eau glacée.
Dans les villes du nord, où l'abondance d'amandes et de fruits ainsi que la présence d'une large population originaire d'Asie Mineure ont favorisé un certain penchant pour les sucreries, les zacharoplastio sont très nombreuses, et souvent très élégantes. Les citadins cèdent à la tentation d'un ou de plusieurs balkavas (ou d'un tulumba, un gâteau encore plus sucré) en début de soirée, après leur sieste et juste avant le dîner.
A la maison, on trempe de délicieux biscuits parfumés (kouloukaria) dans le thé ou le café. Et si vous êtes invité, on vous offrira immanquablement un morceau de balkavas rance ou de halvas huieleux emballé dans un papier aluminium.
On trouve les meilleurs balkavas à Thasos, générallement fourés aux noix et très épicés. Il existe deux variantes de cette pâtisserie orientale : le galaktobourreko, un feuilleté (fillo) fourré d'une crème anglaise épaisse à fleur d'oranger et de cannelle, et le revani, et un sorte de gâteau de semoule spongieux, noyé de cognac et de sirop à l'orange. C'est à Egine que l'on déguste les meilleurs balkavas.
Il existe plusieurs sortes de halvas. Les smyrnan halvas, malheureusement difficile à trouver dans le commerce, se présente en grandes plaques circulaires et il est d'une texture rustique, grenue, et d'une couleur ambre. Le pharsalian halvas que l'on trouve à Salonique, est plus gélatineux, plus proche du loukoum. Les deux sont excellents, arrosés d'un filet de citron et saupoudrées de cannelle.
Il faut acheter le halvas sur les marchés en plein air. Il se présente en énormes pains, que l'on vend en tranche, constellé de pistaches et d'amandes,ou marbrée de chocolat. la variété de halvas le plus voluptueux est sans nul doute le karidoplastio, sorte de pâté de chocolat et de noix.
LE MAUVAIS OEIL
Les Grecs parlent du "mauvais oeil". Ils disent simplement "l'oeil" est peut-être, à leurs yeux, implicite. En tout cas, cette croyance ne se limite pas aux provinces reculées et aux régions isolées. L'expérience du "mauvais oeil" est sans conteste largement répandue, même si l'on peut considérer ce diagnostic comme discutable.
C'est une croyance très vivace dans les sociétés méditerranéennes. Les érudit sont pourtant loin d'être d'accord sur un seul et même concept. Et ce débat souligne à quel point "le mauvais oeil" est bien plus une affliction sociale q'un concept plus ou moins métaphysique. Il semblerait que "le mauvais oeil" soit plutôt lié à l'envie. Il tend à apparaître dans les communautés relativement indifférenciées par la classe sociale ou la richesse mais où les ressources sont rares et la concurrence acharnée.
Dans un tel contexte, ce sont des éléments infimes, mais d'une importance capitale, qui font la supériorité d'une famille sur une autre. le prestige ou l'honneur, selon les cas, sont une manière de se distinguer de ses voisins. Mais pas trop, car cela suscite la jalousie et les mauvaises pensées.
C'est de ce paradoxe, le besoin d'être meilleur que les autres, mais la nécessité d'être comme eux, qu'est né "l'oeil". C'est une conséquence de l'envie, mais d'une envie exprimée subrepticement, parfois même inconsciemment.
Cette dernière caractéristique est importante. Un grec ne fera jamais "l'oeil" sciemment à quelqu'un. Ce que nous appellerions "la sorcellerie", et qui consisterait à prononcer certaines formules ou certain gestes rituels pour jeter un sort à quelqu'un, tombe dans un eeutre catégorie encore, celle de la "magie" (maya)
"L'oeil" est en revanche une malédiction accidentelle. Vous pouvez parfaitement être victime d'un voisins ou d'une personne de votre connaissance avec laquelle vous entretenez une relation cordiale, si ce n'est franchement chaleureuse. Cela peut arriver sans le moindre préavis, lorsque vous susciter des compliments ou une admiration silencieuse. C'est pourquoi les gens prennent la précaution de cracher délicatement (trois fois ! ) sur un bébé qu'ils sont en train de cajoler ou de contempler, afin de prévenir toute conséquence néfaste.
CONVIVIALITE OU "PAREA"
Les Américains sont sans doute trop individualistes pour comprendre cette notion. Les Anglais ont bien des amis qui les suivent "du berceau au tombeau", mais ce sont les français qui sont les plus proches de ce qui est un mode de vie en soi.
En Grèce, sans paréa, les choses ne valent pas la peine d'être vécues. Vivre seul, patitr en vacances, se promener seul, ce ne sont pas ici des signes d'indépendance, mais de désespoir. La société grecque a exclu de son langage le mot "intimité". La traduction la plus proche serait monaxia (isolement), avec tout ce que cela implique de privations, de solitude et d'ennui. Qui choisirait délibérément de vivre une telle situation ?
Avant les développement du tourisme, les Grecs se sentaient obligés d'adopter les touristes solitaires, qui venait visiter leur pays, de protéger les femmes et aider les hommes. Encore aujourd'hui, quand ils vous demandent "Avez-vous des amis ,(parea) ? ", c'est moins une question qu'une proposition : "je suis avec vous"
Cette disposition actuelle trouve son expression dans la vie familiale où une myriade d'activités, que nous considérons comme incompatibles, se déroulent dans une seule et même pièce, afin que personne ne se sente seul. Dans les fermes traditionnelles, on cuisine, on mange, on travaille et l'on dort dans la pièce principale. Et même dans les villages plus modernes et dans les appartements athéniens, il semble que tout se passe dans le salon-cuisine-salle à manger. On dit souvent que l'unité de base de la société grecque n'est pas l'individu mais la famille, et cela se manifeste par une notion différente de l'espace du personnel. Dans les familles grecques, il n'est pas question de "respecter" le territoire de l'autre. Les Grecs vivent de manière interactive, voire carrément interventionniste. Comment parviennent-ils à exprimer leur personnalité ?
LA LANGUE
Imaginez une langue douée de deux lexiques divergents pour les concepts usuels, comme nez, joue, soulier, maison, porte,etc. L'un, avec sa syntaxe particulière, sert à la vie courante quand à l'autre est de règle dans tout échange officiel, à l'école, et presque tous les journaux.
Cette langue est les grec moderne, du moins l'était jusqu'en 1974. Durant le siècle et demi qui suivit l'indépendance gagné sur l'Empire ottoman en 1821, le grec eut, selon les situations, deux versions superposables sur le plan de la prononciation et de quelques secteurs du vocabulaire et de la grammaire, mais différentes pour tout le reste. La Grèce n'est pas un cas unique : les Arabes utilisent aussi des parlers différents selon la circonstance. Par tradition, les Grecs ont révéré la langue de la littérature antique et du Nouveau Testament, presque autant que les Arabes vénèrent celle du Coran. Des siècles durant, les Grecs ont vécu dans l'idée que leur écrit devaient s'écarter le moins possible du style de leur classique de leurs illustres ancêtres, et du Livre sacré.
Une certaine familiarité avec le problème de la langue est esentielle pour comprendre l'évolution de la culture grecque, au cours des deux derniers siècles. En effet, les controverses linguistiques résument assez bien les contracdictions qui ont divisé les différentes composantes de la société grecque. Au moment où, dans les communautés grecques de l'Empire ottoman et de la diaspora, se développait la volonté d'indépendance, se posait la question de bâtir une idéologie capable d'unifier la nation de l'intérieur, tout en présentant une image nationale homogène au monde extérieur. De manière classique, celle-ci s'est articulée autour d'une triple unité : historique (les habitants de la Grèce sont les descendants des Hellènes de l'Antiquité), linguistique et territoriale.
A l'intérieur même de la Grèce, et chez les croyants orthodoxes en général, on emplyait une déroutante diversité de langues : la langue grecque était elle-même divisée en différents dialectes, parfois très étranger les uns aux autres. C'est malgré tout le grec qui était le langage le plus universel dans cette région du monde. De plus, le grec était la langue de l'Eglise.
TRADITION ORALE ET POESIE
La poésie tient une place importante dans la culture grecques. Comme tradition populaire elle fut longtemps chantée plutôt que lue. De nos jours encore, les poètes sont capables de remplir de leurs admirateurs les tribunes d'un stade.
Jusqu'à la fin du XIXè siècle, la poésie grecque ne partageait guère la tradition de solitude dans l'écriture de celle des autres cultures occidentales. En effet la poésie orale avait été, de loin, le moyen le plus efficace pour présever l'identité nationale au cours de tant de siècles de domination étrangère. On peut censurer la chose écrite : nul despote ne saurait confisquer des chansons.
Jusqu'à une époque récente, cette transmission orale, résistante à la censure, conserva sa raison d'être. Lorsque le poète grec Yannis Ritsos (né en 1909) fut mis en prison pendant la guerre civile (avec d'autres suspects communistes), il continua néanmoins d'écrire des poèmes, les enfouissant dans des bouteilles pour les soustraire aux gardiens. Son seul moyen de la transmettre au monde consistait à les confier à des prisonniers libérée qui, avant leur départ, les apprenaient par coeur.
la chute de Constantinople ("la Ville" selon le terme habituel des Grecs) marque à la fois les débuts de la domination turque et ceux de la poésie grecque moderne. Des chansons qui furent composées à cette époque on retrouve les traces dans beaucoup de textes littéraires des époques ultérieures. Le thème récurrent "Je viens de la Ville" est même encore présent dans les chansons folkloriques. De même, le roman en vers écrit en Crète (qui reconnut sous l'influence notamment de la peinture avec Domenikos Thoetokopoulos, dit El Greco) dans la première moitié du XVIè siècle, Erotokritos, a inspiré de nombreuses chansons populaires toujours familière aux Grecs d'aujourd'hui.
Cette tranmission orale fut en soi un processus créatif : les modèles anciens servant de charpente pour de nouvelles variations. Si tous les critiques consentent à la continuité de la tradition poétique depuis le XVè siècle, Odysseus Elytis (né en 1911), poète illustre et second prix Nobel de la littérature grec, a montré, notamment dans son receuil d'essais A livre ouvert, bible de générations d'étudiants grecs, que cette tradition est reliée en droite ligne à Sapphos, et "bâtie sur les syrtes d'Homère"
Jusqu'à la guerre d'Indépendance, en 1821; et à la fondation de l'Etat grec, chants et poèmes sont indissolublement liés, qu'ils soient transmis par écrit ou oralement de génération en génération. En fait, écriture et chant ont été souvent équivalent : Je n'ai jamais appris comment écrire ou lier, mais comme je ne veux pas oublier D'elle jai une chanson, pour la mieux conserver.
Le joug turc a disparu, l'identité nationale pouvait s'exprimer au grand jour, parallèlement l'édition prenait le relais de la transmission orale. Cette mutation s'effectuait d'autant plus facilement que le nouvel Etat grec avait besoin de donner une expression lyrique à l'idéologie nationale qu'il était en train de bâtir. La raison d'Etat et son système d'encourragement (prix littéraires et récompenses péciniaires) allaient devenir un aspect déterminant de la littérature grecque d'après la révolution.
La chanson populaire demeurait un tremplin pour les poètes, mais plus le moyen d'expression domimant. Le couplet que voici, cent ans après le précedent, suggère une tout autre relation à l'écriture. Le poète réalise alors combien la permanence de l'écrit lui offre les moyens d'une habilité plus enviable.
"PERIPTERO" Si par leur dimension, les kiosques occupent une place réduite, ils sont en fait de véritables centres nerveux de la vie urbaine. outre leur fonction évidente de kiosque à journaux : marchand de bonbons, ils sont parfois doublés d'un mini-parc d'attractions pour enfants, d'une boutique d'articles de sport (vous y trouverez des sacs de couchage,...), d'une quincaillerie, d'une serrurerie et, pour les clients qui ont des problèmes plus personnels, le gérant dispense parfois aussi ses avis en matière médicale ou psychiatrique. Tenir un kiosque, c'est un peu comme diriger un orchestre, un oeil sur le compteur de téléphone, un main rendant la monnaie et l'oreille tendue vers les propos d'un ami qui vient de passer par-derrière pour bavarder un instant.
L'intérieur du kiosque (periptero en grec) offre une vue étroite et complexe. Tout en bas, une série de tiroirs minuscules où on trouve des aiguilles à coudre, du fil,... Au-dessus, sur des étagères sont rangés les bonbons, des cigarettes, et plus haut encore, on trouve des shampooings, de la lessive,... Les articles de valeur sont exposés dans une petite vitrine. Au centre, le propriétaire, coincé dans un espace de 2m2 à peine, contrôlant le tiroir-caise et servant les clients.
Ces kiosques étaient, à l'origine, un cadeau du gouvernement pour dédommager les anciens combattants de la guerre des Balkans et de la Première Guerre Mondiale. Vous remarquerez la similitude entre leur architecture et celle des postes de la garde d'honneur, de la garde militaire. Symboliquement, les periptera sont aussi des postes de garde, dans lesquels les vieux soldats prolongent leur service, passant du secteur militaire au domaine civil et commercial.
La Grèce possèdent pratiquement autant de commerces de détails que d'habitants. C'est en partie le reflet d'une société construite autour de la famille et dont le signe de réussite sociale est la possession d'un magazin. Le reflet d'une société où le mot "employé" signifie "inférieur". C'est pourquoi, au lieu de se développer et de s'étendre, le commerce à tendance à se poursuivre sur une petite échelle. Cette pléthore de petits commerces explique le fait que les cours du marché grec soient plus élevés du Marché commun. Et la profusion de kiosque est plus qu'une simple coïncidence, c'est le reflet de toute une mentalité économique, dont la philosophie de base pourrait se résumer par le slogan : "une famille, un commerce".
"REBETIKO" Le rebetiko est la forme d'expression musicale la plus originale qui soit apparue en Grèce au cours de ce siècle. Quelques exemple du genre étaient déjà connus dans toute la Grèce dès 1930 et, dans les quinzes années qui suivirent, ces chansons devinrent de plus en plus populaires sans toutefois rencontrer un succès aussi évident parmi les classes les plus aisées. Leur consécration date en fait des années 1950. Malheureusement, nous ne savons ni quand, ni dans quel environnement, elles sont nées. Etait-ce en 1850, en 1880 ou en 1910 ? A Smyrne, à Syros ou au Pyrée ? Dans un milieu de marginaux, vivant au jour le jour de petits larcins, ou parmi les laissés-pour-compte du développement urbain qui vivaient dans la misère ? La destruction de Smyrne en 1922, a certainement encourragé les compositeurs et accéléré le processus de développement qui a abouti à des oeuvre q'une qualité singulière.Les parole du rébétiko expriment de toute évicence des sentiments plus intimes que les chansons populaires rurales. Elles en diffèrent aussi, dans une certaine mesure, par leur vocabulaire et leur structure en empruntant de nouveaux éléments musicaux aux refrains et aux chansons de variété qui ont connu un grand succès dans la période de l'entre-deux-guerre. Mais la phraséologie en est toute différente, et le caractère sirupeux et insipide des parole de ces chansons est devenu beaucoup plus sérieux, voire tragique.
Le rébétiko n'a jamais complètement perdu son public. simplement, dans les années 1960, dans les quartiers ouvriers, la population avait succombé au charme des chansons légères et ce furent les étudiants et les intellectuels qui prirent la relève. Et, ce sont ces intellectuels qui ont initié le reste de la classe moyenne au rébétiko, qu'ils avaient initialement méprisé et qui, finallement, s'adressait à tout le monde. Il évoquait un passé mostalgique et pittoresque, placé sous le signe de la pauvreté, certes, mais d'une certaine manière plus libre et certainement plus authentique que le présent si aliénant.
La femme qui chantait, la rébissa, la femme en tant que mère, fille ou amante, est le thème central des paroles du rébétiko. Mais le titre de rébissa ne s'applique qu'à celle qui suit le rébétis dans sa vie sans attaches. Et elle le suit parce qu'elle a une belle voix et qu'elle veut être quelqu'un, se faire un nom par elle-même. En retour, elle inspire l'homme qui la protège et qui, par dessus tout, la libère. Et c'est ainsi qu'elle devient le modèle même de la femme indépendante dans la société grecque.
LES FEMMES Installez-vous sur une place publique en Grèce et vous verrez défiler tout un monde sous vos yeux : les homme, les femmes et les enfants. Vous comprendrez vite que ce n'est pas un univers de femmes. Elles traversent la place avec les symbole de leur condition : un plateau destiné au four du boulanger, ou les sacs de courses, ou encore les enfants dans une poussette. Leur véritable vie semble ailleurs. Même celles qui s'arrêtent un instant bavarder n'ont pas l'assurance magnifique des hommes. Le statut de la femme en Grèce varie selon l'individu. Tout dépend de l'endroit où elle habite et si elle est mariée, si elle est jeune ou vieille; si elle est riche ou non. Il est clair que les possibilités offertes à une femme de quatre-vingts ans étaient très différentes de celles auxquelles sa petite-fille est aujourd'hui confrontée.Dans la mentalité traditionnelle, une femme dans maison est aussi incomplète qu'une maison sans femme. L'horizon de la femme moderne s'est élargi et, pour elle, une maison est un bien piètre royaume en héritage, surtout quand il s'agit d'un appartement dans un grand ensemble. Mais jusqu'à présent, ce lien entre la femme et la maison est resté une constante de la société grecque. Les maisons de riches marchand du XVIIIè et du XIXè siècles, que l'on peut encore voir à Kastoria ou Siastia, étaient décoréés d'une profusion de fresques représentant des fleurs, des fruits et des paysages nonchalants. Et les femmes passaient leur vie dans ces cages dorées.
En ce qui concerne le mariage, la pression en faveur du mariage est intense. Les femmes ont moins de temps pour se décider que les hommes, car un femmes célibataire de plus de vingt cinq ans est un soucis pour ses parents. Une fois q'une femme est mariée, elle sent la pression se relâcher autour d'elle. Momenténament du moins, car l'étape suivante est celle de la grossesse. Il arrive que l'angoisse soit devancé quand la jeune fille est enceinte avant le mariage, ce qui est relativement courant dans ceraines régions. "Mon père me tuera", la menace n'est pas toujours exagérée, car la grossesse hors mariage est une chose grave partout en Grèce.
Enfanter signifie nourir. La mère assure la subsistance de son enfant durant la grossesse, mais cela ne s'arrête pas là. L'amour d'une mère pour sa famille se mesure générallement aux soins qu'elle apporte à la préparation des repas. Elle se verra par exemple taxée de négligence si elle propose des pâtes. Mais si une mère doit poursuivre cet idéal de mère nouricière, elle doit également encourrager sa famille à jeûner à certaines époques pour se conformer aux critères de la pureté religieuse.
LES CONSTRUCTIONS INACHEVEESOn raconte d'innombrables plaisanteries sur la bureaucratie grecque, et son volume de papasserie et de formalités. Il est bien connu que chaque poste de la fonction publique est rempli par cinq personnes, au moins. Si cela réduit le chômage, cela entraîne également des effets secondaires non négligeables. Il faut souvent cinq fois plus de temps pour accomplir une quelconque démarche, que ce soit le passage de la douane, le péage d'une autoroute, changer de l'argent dans une banque où inscrire un enfant à l'école.
YAOURT
La plupart des visiteurs, en Grèce, s'extasient sur les yaourts. Riches, épais et crémeux, dans leur forme commerciale, ou acide et onctueux quand ils sont "faits maison", ils sont une nourriture beaucoup plus substantielle que les yourts aqueux que l'on trouve dans d'autre pays.
Le yaourt grec n'est ni une boisson, ni un repas. Il a sa propre fonction culinaire. Telle une paranthèse, il sépare le repas des autres activités de la journée. Il nettoie le palais. Les repas débutent souvent par une assiette de tsatsiki (un délicieux mélange de yaourt, de concombre et d'ail) ou se terminent par un bol de yaourt agrémenté de miel local et de noix. En préface ou en fin d'un repas, le yaourt facilite la digestion par sa consistance. On le considère en général comme un aliment apaisant. En grec, quand la mer est calme, on dit qu'elle est comme le yaourt.
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